Journée Mondiale de lutte contre le SIDA : les données épidémiologiques PACA-Est

Promotion de la PrEP et du dépistage, préservation de l’Aide Médicale d’État (AME) et fin de la sérophobie : la fin de la transmission du VIH/Sida en 2030 est possible, et nous savons ce qu’il faut faire. 

La France célèbre cette année les 40 ans de la découverte du virus du VIH/Sida par une équipe française. Les avancées scientifiques, éthiques, sociétales, l’engagement des communautés et des soignants ont permis à ce jour de sauver 21 millions de vie dans le monde, d’éviter la transmission du virus à plus de 3 millions de nouveau-nés et d’atteindre en 2022 le niveau le plus bas de nouvelles infections depuis 30 ans. 

Les progrès thérapeutiques ont révolutionné la prévention de la transmission : aujourd’hui, une personne vivant avec le VIH traitée, avec une charge virale indétectable, ne transmet pas le virus. C’est tout le sens de la campagne locale lancée en cette fin novembre par le Collectif 06 de lutte contre le sida (campagne de communication et programme des évènements sur collectif06sida.fr). Pour les personnes exposées au risque d’infection par le VIH, la prophylaxie préexposition (PrEP), qui consiste en la prise d’antirétroviraux par voie orale, empêche la contamination par le virus. Elle constitue, avec le dépistage précoce, le principal levier pour réduire encore davantage le niveau de transmission du VIH. 

Grâce à la mise en œuvre de telles stratégies combinées, des résultats encourageants dans la baisse de transmission du VIH sont observés dans de nombreux pays européens (au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas), en Australie, et dans certains pays d’Afrique Sub-saharienne. En France, l’épidémie baisse mais pas suffisamment pour espérer atteindre l’objectif d’éradication de la transmission du virus à l’horizon 2030. 

Dans le monde (sources ONUSIDA) 

Environ 39 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. En 2022, 1,3 million de personnes ont été contaminées à travers le monde VIH (dont 660 000 en Afrique et 300 000 en Asie). Si le nombre de contaminations diminue (22% en moins entre 2010 et 2022), le recul n’est pas assez rapide pour envisager la fin de l’épidémie en 2030, objectif fixé par l’ONUSIDA. 

En France (sources santé publique france) 

En 2022, il y a eu entre 4 233 et 5 738 nouvelles découvertes de séropositivités. Ce nombre a diminué de 21 % en 10 ans selon les estimations les plus optimistes. Environ un tiers des nouvelles découvertes surviennent toujours à un stade trop avancé de la maladie. 

Dans le territoire Paca-est (sources COREVIH PACA-Est) 

En territoire PACA-Est, le nombre de personnes prises en charge en soins spécialisés pour une découverte de séropositivité a baissé de 40 % entre 2015 et 2018, mais reste stable depuis 5 ans (87 découvertes de séropositivité en 2022 dont 76 dans les Alpes-Maritimes). Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes représentent la moitié des nouvelles découvertes et près de 46 % d’entre elles concernent des personnes nées à l’étranger. 28 % des personnes diagnostiquées en 2022 ont moins de 30 ans. La proportion des personnes dépistées à un stade précoce est en hausse, fruit de la dynamique de dépistage initiée sur le territoire, avec le dépistage sans ordonnance (VIHTest), qui représentait l’an dernier 6% des dépistages en laboratoires d’analyses médicales. 

La PREP 

En 2023, près de 5 millions de personnes utilisent la PrEP à travers le monde (sources Prepwatch). Ce médicament qui permet aux personnes séronégatives de le rester, est utilisée par plus de 65 000 personnes en France, dont 1 666 dans les Alpes-Maritimes (source Epiphare, Juin 2022). 

Nos défis et leviers d’actions pour accélérer la fin de l’épidémie 

L’élimination de la transmission du VIH requiert une intensification de nos actions : 

• Auprès des professionnels de santé, particulièrement du premier recours qui sont au plus près des populations les plus exposées au VIH (personnes LGBT+, migrants, personnes précaires) , avec des actions déjà engagées afin de les aider à parler plus souvent de santé sexuelle avec leurs patients, et leur proposer un dépistage répété du VIH et des IST 
• Populariser encore plus l’ensemble des outils de prévention, dont la PrEP, quels que soient l’âge, l’origine géographique ou l’orientation sexuelle de ces personnes 
• Accélérer, auprès du plus grand nombre, la diffusion la plus large des connaissances pour lutter contre la stigmatisation, les LGBT phobies et la sérophobie, qui constituent un véritable frein au dépistage et à l’utilisation de la prévention combinée 
• Accompagner les personnes les plus éloignées du soin, dont celles nées à l’étranger, dans le parcours de vie et de soins afin qu’elles puissent bénéficier des avancées de la recherche scientifique dans le champ du VIH/SIDA 
• Garantir des droits pour que chacun et chacune puisse se soigner et contribuer à protéger les autres. À ce titre, nous soutenons le dispositif de l’Aide Médicale d’État et appelons à la plus grande vigilance quant à sa possible remise en cause ou au durcissement de ses conditions d’accès, qui aurait un impact négatif en termes de santé publique et de propagation de virus 

L’engagement de toutes et tous dans la mise en œuvre des stratégies combinées efficaces et dans la diffusion des connaissances auprès du plus grand nombre, est plus que jamais essentiel pour mettre fin à la transmission du VIH d’ici 2030.