Les ados et l'alcool. Deux enquêtes d'Addictions France révèlent pourquoi les mineurs boivent si facilement en France

Association Addictions France - Décembre 2023

  • Parents sur 10 déclarent avoir déjà fait goûter une boisson alcoolisée à leur adolescent
  • Français sur 10 sont favorables au renforcement des contrôles et des sanctions à l'encontre des établissements contrevenants
  • Pour les parents la priorité numéro 1 est de renforcer l’application de l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs

Addictions France dévoile les résultats de deux études relatives à la consommation d’alcool des adolescents. 

Alors qu’ils devraient en être préservés, en France, il est facile de boire de l’alcool quand on est mineur. 

Pourquoi ? Parce que cette consommation est à la fois acceptée et permise à tous les niveaux. De l’initiation en famille à la vente illégale dans les bars, cafés, fast-food, supermarchés, épiceries, en passant par le ciblage publicitaire… la tolérance sociale vis-à-vis de l’alcool, compromet sérieusement la protection des jeunes.

À quelques jours des fêtes de fin d’année, période propice aux excès, une étude réalisée par BVA Xsight pour Addictions France[1] montre l’ambivalence des Français vis-à-vis de la consommation d’alcool des adolescents. Une seconde étude montre en parallèle que les mineurs peuvent s’en procurer facilement. De l’initiation en famille à la vente illégale dans les bars, cafés, fast-food, supermarchés, épiceries… la tolérance sociale vis-à-vis de l’alcool compromet sérieusement les efforts de prévention auprès des plus jeunes.

Une ambivalence à l’égard de la consommation d’alcool des ados : les résultats de l’enquête Addictions France - BVA Xsight  

Bien que l’enquête Escapad 2022 (OFDT) montre une baisse encourageante de la consommation d’alcool chez les jeunes de 17 ans (baisse des usages réguliers de 14% entre 2017 et 2022), le niveau de consommation demeure toujours trop élevé pour une population que l’on sait bien plus vulnérable aux effets de l’alcool. Encore aujourd’hui, les adolescents de 17 ans sont 45,9% à avoir déjà expérimenté l’ivresse au cours de leur vie. En parallèle, les alcoolisations ponctuelles importantes ou « Binge-drinking » (au moins 5 verres dans un laps de temps très court au moins une fois dans le mois) sont encore très répandues pour plus d’un tiers des jeunes de 17 ans

Dans le cadre d’un projet financé par le Fonds de lutte contre les addictions, une enquête a été menée par BVA Xsight pour Addictions France, consistant en un sondage auprès des Français et des parents d’adolescents de 13 à 17 ans. Ce sondage, s’est déroulé du 10 au 19 octobre 2023 interrogeant un échantillon représentatif de 1000 Français et 500 parents

L’objectif était d’évaluer le rapport qu’entretient la population française avec l’alcool et la manière dont elle perçoit la consommation d’alcool chez les adolescents. 

Les résultats de cette enquête révèlent une certaine ambivalence de la population, illustrant la tolérance sociale à l’égard de la consommation de ce produit. 

« Plus de la moitié des Français juge acceptable qu’un adolescent consomme de l’alcool dans certaines situations »

Souvent considérées comme un rite initiatique et culturel, les premières initiations à l’alcool se font généralement en famille. Ainsi, la consommation d’alcool des adolescents de 15 à 17 ans est jugée acceptable dans un contexte familial ou festif par 55% des Français, et 46% des parents d’adolescents. L’âge de la première initiation en famille est aussi révélateur : en France, un enfant goûte de l’alcool pour la première fois à l’âge de 14 ans en moyenne.

Bien que les Français s’estiment bien informés, les risques pour la santé liés à une consommation occasionnelle d’alcool par les adolescents sont largement sous-estimés en population générale, même s’ils sont un peu mieux appréhendés par les parents. Seulement 38% des personnes interrogées associent la consommation occasionnelle d’alcool à un risque élevé pour la santé d’un adolescent alors qu’ils sont 82% à considérer qu’une consommation régulière représente un risque élevé.

À l’approche des fêtes de fin d’année, période festive propice aux consommations d’alcool et aux initiations en famille, Addictions France rappelle que l’initiation précoce à la consommation d’alcool, loin « d’éduquer au goût », banalise de fait l’alcool et peut conduire à des consommations excessives à l’âge adulte.

Vente d’alcool aux mineurs : carton rouge pour les bars, cafés et fast-food

La tolérance sociale vis-à-vis de la consommation d’alcool est cependant loin d’expliquer pourquoi il est si facile de boire de l’alcool quand on est adolescent. L’irresponsabilité des acteurs économiques favorise largement l’entrée précoce des jeunes dans la consommation.

De manière quasi systématique, les débits de boissons ne respectent pas la loi et vendent de l’alcool aux mineurs. Cet été, à Nantes et dans 6 autres communes de Loire-Atlantique, Addictions France a réalisé des achats-tests dans des bars, cafés et fast-food : sur les 42 établissements visités, tous, sauf un, ont vendu de l’alcool à des mineurs.

Déjà en 2021, une opération de testing menée par Addictions France en Loire-Atlantique et dans le Finistère auprès des supermarchés avait montré que 9 magasins sur 10 ne respectaient pas l’interdiction. Après une vague de constatations en 2023 qui a conduit aux mêmes conclusions, l’association a décidé d’engager des premières poursuites pénales à l’encontre de 4 magasins des enseignes Auchan et Leclerc.

Pour les Français, il y a urgence à agir contre des pratiques jugées « inacceptables » pour 92% d’entre eux. Ainsi, 9 personnes sur 10 (et 94% des parents) soutiennent le renforcement des contrôles et des sanctions à l’encontre des établissements contrevenants. Ils en font la priorité numéro 1 pour réduire ou retarder la consommation d’alcool des adolescents. (Résumé éditeur)

Date de modification : 15 février 2024

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