Comment réduire la stigmatisation ?

2024

La lutte contre la stigmatisation a donné lieu à des expériences, les plus diverses, dans de nombreux pays en Europe, en Amérique du Nord mais aussi en Asie du Sud-ouest ou encore en Afrique.

En France les travaux de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations), les campagnes de l’INPES et plus récemment les semaines d’information sur la santé mentale (SISM) mobilisent de nombreux acteurs pour tenter de changer le regard du grand public sur les maladies mentales et les malades mentaux.

Les campagnes destinées au grand public

Les stratégies peuvent être distinguées selon 3 types de campagnes :

  • les campagnes de protestation qui visent à rompre avec les comportements de rejet et d’exclusion en contestant les images négatives associées aux maladies psychiques. Il s’agit, le plus souvent, d’organisme de veille en charge de s’élever contre tout propos discriminants. Citons en exemple le programme BASTA ( Bavarian Anti Stigma Action) en Allemagne qui exerce une fonction de surveillance des messages diffusés au grand public, qui stoppe les communications à fortes charges discriminantes et qui constitue, de fait une instance de contrôle médiatique. Les limites de ce type d’organisation semblent être leur inefficacité à promouvoir des attitudes positives à l’égard des malades mentaux.
  • Des campagnes de sensibilisation et d’éducation à la santé

Ce type de campagne vise à délivrer de l’information contradictoire à destination de publics divers (scolaires, étudiants, professionnels de santé, justice, police, usagers, aidants, médias…)

Conçues comme des campagnes de « marketing social », elles ont été développées dans des domaines diversifiées (SIDA, tabac, dépistage de cancer…) et s’appuient, habituellement, sur des enquêtes préalables (enquêtes téléphoniques, avis de « leaders d’opinions ») avec une préférence pour des messages s’adressant à un public cible bien identifié. Les segments populationnels les plus fréquemment ciblé sont : ceux qui ont l’autorité (élus, autorités morales et religieuses), ceux qui protègent (forces de l’ordre, pompiers, soignants, services sociaux), ceux qui savent ou qui informent (journalistes, enseignants), ceux qu’on aime et qui nous touchent (artistes, enfants), ceux qui sont victimes (les malades et leur famille).

Ces campagnes ont recours à des registres de communication variés :

  • Les campagnes de solidarité qui cherchent à susciter un élan de générosité envers les personnes souffrant d’un trouble psychique (sur le modèle du Téléthon ou du Sidaction). Elles visent à changer de regard et de comportement envers les malades en dénonçant les discriminations dont ces personnes sont victimes et en sollicitant une attitude solidaire.
  • Les campagnes de révélation et de diffusion de solutions qui consistent à informer le grand public sur les réponses médicales disponibles, leurs pertinences, leurs efficacités, leurs accessibilités afin de rappeler que des possibilités d’aide diversifiées existent. Le message délivré est qu’il existe pour les maladies psychiques, comme pour les autres maladies, des traitements et des moyens de soulager la souffrance.
  • Les campagnes de témoignageslors desquelles des personnes directement concernées par la maladie psychique se font entendre pour témoigner de leur parcours de vie et de leur savoir expérientiel. Elles apportent un message d’encouragement, un message positif, d’espoir. Il s’agit de surmonter un tabou et de montrer que l’on peut parler de sa maladie « au grand jour » tout en revendiquant le respect de sa dignité sur le modèle de la campagne : « les héros ordinaires » dans le domaine du cancer.
  • Les campagnes pédagogiquesqui visent informer le grand public au sujet de différents aspects insuffisamment connus des maladies tels que les différents types de troubles, leur prévalence, les modalités évolutives possibles les connaissances étiopathogéniques de ces affections, les facteurs de risque identifiés, etc…)
  • Enfin les campagnes de contact dont l’objectif est d’amener à une meilleure connaissance et une plus grande familiarité avec des personnes malades. Discussions et échanges entre malades et grand public. Participation à des activités communes (sportives, artistiques, loisirs, etc…)

Ce type de campagne semble le plus à même de favoriser un changement de regard et d’attitudes vis-à-vis des personnes concernées par la maladie mentale.

Couplée à la dimension éducationnelle, cette stratégie se révèle le plus efficace moyen de lutte contre la stigmatisation et la discrimination tout en augmentant les attitudes positives envers les personnes malades.

Date de modification : 15 mai 2024

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