SFP programme originel, résultats
Strengthening Family Program1, ou SFP
a été développé au début des années 80 par la psychologue américaine Karol Kumpfer, Professeure émérite au département de promotion de la santé à l’université de Salt Lake City (Utah). Construit à l’origine pour prévenir la consommation de substances psychoactives chez des enfants de parents dépendants, il a depuis été largement évalué, adapté et implanté dans de nombreux contextes :
- en prévention universelle, sélective ou indiquée, en milieu rural et urbain
- dans diverses cultures (Afro-américains, Asiatiques, Latino-américains, Amérindiens…)
- dans 35 pays dont l’Australie dès 1996, puis le Canada, la Suède, la Norvège, les Pays-Bas, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Irlande, le Portugal, le Costa Rica, le Chili, la Thaïlande,...
Plus de 150 études évaluatives ont permis de démontrer l’efficacité de SFP à différents niveaux :
- réduction de la consommation et de l’initiation de substances psychoactives (alcool, tabac, drogues illicites) chez les jeunes et les parents,
- diminution des problèmes psychiques (trouble des conduites, dépression, anxiété, trouble de personnalité, phobies) et des problèmes de comportements (violence, délinquance),
- diminution des plaintes somatiques,
- amélioration du climat et de la communication familiale,
- augmentation de la confiance et du sentiment d’efficacité en matière de parentalité,
- amélioration des résultats scolaires Une étude randomisée4 sur 22 écoles rurales, 445 familles a examiné les effets de SFP appliqué à 11-12 ans, sur l’engagement scolaire à 13-14 ans, puis le succès scolaire à 17-18 ans : des effets significatifs ont été trouvés sur les résultats des premières interventions, sur l’engagement comme sur le succès scolaire.
Le rapport coût efficacité de SFP a été évalué à 1/11 $5. 1 dollar investi aujourd’hui permet d’en économiser 11 à moyen et long terme. 20 % de ces gains reviennent aux bénéficiaires des programmes (meilleure santé, meilleurs salaires, etc.) et 80 % de ces gains constituent des externalités positives pour la société (diminution de la criminalité et de l’intervention sociale, augmentation de la productivité et de la qualification de la main-d’œuvre).
Les effets de SFP « passent la barrière du temps ». C’est le résultat d’une étude de suivi à 7 ans réalisée en Irlande6, qui démontre que malgré le délai entre l’action et l’étude, l’ensemble des familles interrogées gardent un souvenir très positif de leur expérience, la majorité se souvient des pratiques expérimentées et continuent de les utiliser.
SFP est adapté aujourd’hui dans 10 pays européens7, dont la France8. Son adaptation culturelle et contextuelle est essentielle à la réussite de son implantation dans un nouveau contexte, mais tous les chercheurs s’accordent sur le fait qu’il est finalement plus facile et moins coûteux d’adapter un programme ayant déjà fait ses preuves plutôt que d’en créer un de toutes pièces.
Bibliographie :
2- Foxcroft & al. Longer-term primary prevention for alcohol misuse in young people: a systematic review . Addiction, 98, 397-411)
3- Miller.T. and Hendrie. D. Substance Abuse Prevention Dollars and Cents: A Cost-Benefit Analysis, DHHS Pub. No. (SMA) 07-4298. Rockville, MD: Center for Substance Abuse Prevention, Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2008
8- Roehrig.C. Programmes de soutien à la parentalité : la France est le dixième pays européen à expérimenter « Strengthening Family Program »
Date de modification : 13 juillet 2021